Dyspraxie - Dysgraphie
Scolarité

La dyspraxie est une anomalie de la planification et de l’automatisation des gestes volontaires.
C’est un trouble spécifique de l’apprentissage des gestes.
Sans dyslexie sévère associée, l’enfant apprend à lire en CP sans grande difficulté mais est décrit comme lent, maladroit et ses réalisations motrices ou graphiques sont médiocres, informes, brouillonnes puis, rapidement, il éprouve des difficultés à l’écriture. Dans la cour de récréation, il est gauche et il le sait. Les parents notent des difficultés à faire ses lacets, couper sa viande, etc…En cas de dyspraxie visuo-spatiale, il éprouvera des difficultés dans toutes les tâches ou les composantes spatiales sont importantes : géométrie, géographie, dyscalculie spatiale, lenteur à la lecture.
Les difficultés commencent vraiment avec la scolarisation. Parfois considérés à tort comme déficients intellectuels en raison de leur lenteur et de leur gaucherie, et plus encore si une dyspraxie oro-faciale est présente (provocant une articulation difficile), leur intelligence nʼest pourtant pas en cause dans ce trouble des habiletés motrices.
Quelques remarques et qualificatifs trop fréquemment entendus à l’école :
Maladroit, brouillon, nul en sport, débraillé, rêveur, paresseux, sale, incapable de copier un texte, pauvre dans ses graphismes, immature… Il faut le rendre autonome, cesser de le couver….
1. A l’école …
Avant tout, il ne faut jamais oublier que l’enfant dyspraxique cherche à faire plaisir et fera tout ce qui est en son pouvoir pour réussir. Et il ne ménage pas ses efforts. S’il n’y arrive pas, c’est donc qu’il a une difficulté avec «ses» outils, que le support proposé ne convient pas, qu’il n’a pas entendu la consigne, etc…
Mais il faut arrêter les : « il ne veut pas, il est faignant, il est rêveur, il n’écoute pas, etc… »
Rien n'est plus faux.
Il est important de connaître les répercussions scolaires possibles des dyspraxies.
« Pourquoi l'enfant est-il en difficulté, comment l'aider ? »
En effet, tous les enfants n'ont pas les mêmes difficultés et n'auront pas besoin des mêmes adaptations.
Le rôle des parents est essentiel, car lʼécole a bien du mal à s'adapter aux divers rythmes d’acquisition des élèves. Les parents doivent pouvoir revoir les notions vues en classe et aider à leur consolidation tout en privilégiant l'aspect ludique des activités, à la condition que l’enfant ne soit pas trop fatigué.
Il est préférable de demander à lʼenseignant(e) des « aménagements » scolaires plutôt que des « allégements ».
En effet, l’enfant dyspraxique est capable de faire, si ce qui est demandé est aménagé.
Pour éviter que naisse une jalousie dans lʼesprit de ses camarades qui peuvent voir lʼenfant dyspraxique comme « privilégié », une intervention de la part du psychologue scolaire ou un dialogue à l’instigation de lʼenseignant(e) ou encore une explication fournie par le parent ou l’enfant dyspraxique lui-même, à toute la classe, sont parfois nécessaires pour expliquer la différence et favoriser l’inclusion. Cependant, cette intervention ne peut être réalisée qu’avec l’accord de l’enfant. Des outils sont disponibles pour aider les adultes à parler de la différence et du handicap.
2. Quelques inconvénients scolaires
La scolarité doit être aménagée. Les difficultés doivent être compensées. Le Projet Personnalisé de Scolarisation doit absolument être demandé puis appliqué tout au long de la scolarité.
2.1 Le geste graphique
Le signal d’appel le plus fréquent pour découvrir la dyspraxie est la dysgraphie. La dysgraphie ne veut pas dire que l’enfant ne sait pas écrire mais que l’écriture est couteuse et malhabile. Il ne peut écrire aussi vite et aussi bien, et avec le même coût cognitif qu’un enfant du même âge. Ses dessins sont pauvres, il est lent, maladroit, le résultat de son travail est peu lisible (« travail sale, brouillon, chiffonné »). Il ne sert à rien de l’entraîner, ce n’est pas en forgeant que l’on devient forgeron et le dyspraxique n’est pas câblé pour une écriture efficace. Il va falloir le préparer à l’utilisation intensive de l’ordinateur.
2.2 La difficulté d’utiliser les outils scolaires
Il se sert difficilement d’une règle, dʼun compas, dʼune gomme, dʼune paire de ciseaux. Il ne doit pas être pénalisé pour ces difficultés. Ces outils peuvent simplement être remplacés par l’utilisation de l’ordinateur.
2.3 Lenteur, fatigabilité et fluctuation des résultats
Parce qu’ils n’ont pas les bons outils, les dyspraxiques sont lents. Ils doivent s’appliquer deux fois plus que les autres pour des résultats bien moindres.
Quelles que soient la nature et l’ampleur des troubles dyspraxiques, la fatigabilité restera toujours au premier plan : les enfants doivent en permanence exercer un contrôle volontaire qui est cause de fatigue.
Cette fatigue doit impérativement être respectée. Il ne sert à rien de vouloir obtenir des résultats lorsqu’ils sont fatigués.
Quant aux résultats scolaires, ils seront directement liés aux aménagements mis en place, … ou pas. Les capacités sont là, les connaissances sont là, mais les outils pour rendre ce qui est attendu sont défectueux.
2.4 La maladresse et le défaut d’organisation
Malgré leurs efforts, les gestes ne sont pas toujours réussis, lʼenfant est maladroit, peu organisé et mettra plus de temps que ses pairs à acquérir une certaine autonomie. Au passage, l’autonomie n’est pas de faire les choses mais bien de savoir ce qu’il y à faire et à qui s’adresser pour le faire.
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Ce qu’il ne faut pas faire
Montrer de l’exaspération ou de la déception est vraiment à proscrire car lʼenfant a investi beaucoup dʼénergie dans la réalisation de ses gestes et ressent durement ces remarques désobligeantes sur ses incapacités et manques divers : il ne sait comment faire autrement.
Trop souvent l’enfant dyspraxique s’entend reprocher d’avoir été maladroit ou sale et de ne pas faire attention alors quʼil se sera appliqué, pour un résultat parfois très moyen et décourageant pour lui.
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Ce qu’il faut penser à faire …
Il faut le rassurer sur ses capacités, mettre l’accent sur ses acquis et l’encourager à persévérer.
La fluctuation de ses résultats scolaires nʼest pas sans influence sur son estime et sa confiance en lui. En effet, il peut réussir parfaitement à lʼécole un exercice et plus tard ne plus y parvenir. Il faudra donc organiser autour de lui et soulager ces gestes quotidiens pour lui permettre de donner toute sa mesure en classe.
Il ne sert à rien de presser ou bousculer un enfant dyspraxique.
À noter : le risque d’une régression spectaculaire dès quʼil sera légèrement souffrant. Un simple rhume met à mal toutes ses capacités habituelles : son degré de concentration chute de plus belle, il souffre encore plus souvent de petits accidents d’énurésie, parle indistinctement, n’a pas la force de se moucher…
3. Les supports visuels à l’école
Il faudra toujours être vigilant sur les supports écrits proposés par l’école. Ils ont une façon bien particulière pour percevoir ce qui les entoure et ce qu’ils voient, les supports écrits doivent être épurés et écrit de haut en bas. Il faut des documents dont le fond et les formes sont bien distincts, de préférence en couleur parce que la couleur donne de la profondeur. Il faut absolument éviter les petites images qui se baladent, les textes écrits en travers ou dans un coin de la feuille et ce, tout au long de leur parcours scolaire. Il faut également éviter les textes en colonne car, ne percevant pas l’espace entre deux colonnes, il va lire toute la ligne comportant la 1ère ligne de la première colonne puis la 1ère ligne de la deuxième colonne.
Il faudra éviter absolument les supports recto-verso bien trop difficiles à manipuler don à utiliser.
Lors des évaluations, un support correct et adapté fera la différence.
4. Mathématiques et Géométrie
En raison de ses difficultés d’abstraction, l’enfant dyspraxique risque d’avoir de vraies difficultés en raisonnement logico mathématiques. Il y a fort à parier qu’il sera également dyscalculique.
En raison de ses difficultés neuro visuelles, il sera en difficulté pour poser les opérations.
En raison des particularités précédentes et de ses difficultés de motricité fine, il sera en très grande difficulté en géométrie.
L’utilisation de la calculette doit être autorisée et il faudra lui apprendre à s’en servir de façon rapide et efficace.
Pour les dyspraxiques pour tout ce qui concerne les schémas, croquis, etc…, il existe des aménagements d’examen.
5. Pour toutes les matières
a / À l’école (et à la maison) :
Ne pas hésiter à préparer les exercices en les individualisant (découper le support au besoin), ou utiliser un cache pour ne montrer quʼun seul exercice à la fois.
Mettre à sa disposition du temps supplémentaire
Répondre à ses questions
Être vigilant en ce qui concerne l’implicite (vu plus haut).
Éviter les schémas, croquis, dessins et flèches indicatives précises.
Éviter l’écriture.
Éviter les documents recto-verso.
Ne pas pénaliser le soin.
b / À la maison :
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fractionner le temps des devoirs, ménager des pauses fréquentes
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enregistrer les leçons à apprendre sur un dictaphone
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participer à la gestion du cartable, de l’agenda (pas de cahier de textes)
- Il faut proscrire les classeurs et les portes vues. En effet, lʼenfant a du mal à ranger sa feuille dans un classeur - il se repère mal par rapport aux intercalaires puis place sa feuille au début de la rubrique ou à la fin de la précédente, l’habileté manuelle lui fait défaut.
- Il faut proscrire les cahiers de textes. Il lui est difficile de se repérer dans un cahier de texte (trouver le jour, écrire à la suite sans sauter de pages ou revenir en arrière). Il faut préférer un agenda.
- Il est bien de privilégier les cahiers petits formats 17×22, 1 exercice par page sur format (A5 ou A6 cʼest-à-dire ½ A4 ou ¼ A4), plus faciles à manipuler que les classeurs très vite ingérables.
- Il ne faut pas être exigeant sur l’écriture et la présentation. Le plus important est de respecter son rythme et de privilégier la compréhension.
6. Dyspraxie et école Maternelle
Il est essentiel de toujours privilégier l’oral.
Les activités suivantes posent des complications :
découpage, modelage, collage, coloriage, dessin, graphisme, écriture, manipulation dʼobjets, dʼoutils de puzzle (ex tangram), de jeux de construction, de motricité… On évitera ou on aménagera.
Aides possibles, à l’école comme à la maison, selon les difficultés :
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Éviter de lui demander de relier, entourer, écrire, dessiner, colorier, …
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Toute tâche « crayon papier ».
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Le décharger des aspects techniques des tâches et privilégier lʼoral pour obtenir une réponse.
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Accepter que lʼenfant ne soit pas capable de réaliser certaines activités et les réaliser à sa place, sur ses indications.
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Éviter l’écrit et simplifier la présentation.
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Ne pas le maintenir à cause de son manque dʼautonomie, de ses difficultés à lʼécrit. Le préparer efficacement à la scolarité primaire avec les pédagogies les plus adaptées. Le préparer à la lecture en privilégiant la lecture syllabique.
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Repérer et lire des mots en « global ».
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Lui apprendre la relation entre graphème (lettre) et phonème (son), de façon ludique. Par exemple avec la méthode de « la Planète des Alphas. ». Prolonger les sons à repérer : la lettre « f » déguisée en fusée fonce en faisant fff, quand elle tombe sur la lettre o : cela fait fffo, sur le a : fffa…
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Lui lire beaucoup de livres pour enrichir son vocabulaire.
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Lui donner des étiquettes déplaçables pour lʼaider à comparer les mots.
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Frapper avec les mains le nombre de syllabes contenu dans un mot.
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Lui donner des lettres magnétiques pour quʼil puisse composer syllabes et mots.
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Favoriser lʼapproche de la quantité et des nombres : utiliser la mémorisation.
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Réciter la suite des nombres.
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Apprendre à compter des objets car il doit coordonner plusieurs actions à la fois : pointer les objets un à un sans en oublier et sans compter deux fois le même et réciter la comptine.
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L’entraîner à reconnaître globalement de très petites quantités 1 à 3, puis 4 et 5.
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Différencier les objets par leur couleur ou leur forme.
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Manipuler pour lui : quelquʼun déplace les objets pendant quʼil compte. Puis plus tard, lui laisser déplacer les objets qu’il compte.
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Présenter les objets en les organisant sous forme de constellation de dés pour faciliter la perception immédiate de la quantité.
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Jouer à des jeux de dés et de dominos.
7. Dyspraxie et école primaire
La scolarité doit s’appréhender en deux phases : les apprentissages et les restitutions de connaissance.
Des adaptations doivent être mises en place pour les apprentissages (prise de notes, supports éclairés, priorisations, …).
Des aménagements doivent être mis en place pour aider à la restitution des connaissances (si pas d’ordi -> dictée à l’adulte, temps supplémentaire, reformulation, guide pour les opérations, calculette, …).
Tous ces éléments doivent figurer dans le Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS).
7.1 Lecture : utiliser des aides visuelles
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différencier certaines lettres p, b, d, q, les lettres o, a, e …
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utiliser une graphie autre que cursive
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laisser de la place entre les lignes
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percevoir les syllabes des mots (surtout quand elles sont complexes) ex : ils lisent ban/ane au lieu de ba/na/ne
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mettre la syllabe en couleur et alterner les couleurs (ex : domino)
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lire des mots de manière « globale »
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Ne pas insister sur :
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se repérer dans un texte dense
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lire sans sauter de mots ou de lignes
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Et penser à :
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prévoir des interlignes plus grandes 1,5 ou 2
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surligner ou souligner en couleur pour différencier les lignes
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matérialiser le côté gauche de la feuille par une ligne verte
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laisser lʼenfant suivre avec le doigt. Prévoir un guide lecture pour aider au repérage dans la ligne et cacher le reste du texte.
7.2 Orthographe : favoriser la « visualisation » des mots et l’épellation.
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mémoriser les mots
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utiliser la technique des mots cachés : lire puis cacher le mot et procéder par auto-épellation yeux fermés- yeux ouverts pour favoriser la visualisation et mémorisation des mots.
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s’appuyer sur l’étymologie des mots.
A noter : pour écrire un mot, un dysorthographique sévère pensera faux, épellera faux et écrira faux Mais un dyspraxique avec une dyslexie-dysorthographie secondaire va penser juste, épeler juste et ... écrire faux. Au final, on pensera à tort que leurs troubles sont identiques.
7.3 Écriture : Privilégier l’ordinateur dès le CE2
Dès que l’ordinateur pourra être mis en place en classe, il faut tout faire pour que l’enfant s’y sente à l’aise et l’utilise le plus possible. Attention au regard des autres… Cet apprentissage n'est pas anodin, il s'agit bien d'un apprentissage supplémentaire ou, plus exactement, d'un apprentissage en avance car, quelque soit son futur job, il sera très probablement sur ordinateur. Mais là, au lieu d'écrire au fur et à mesure, de souligner, de gommer, de réécrire, il faut taper au kilomètre et vite. La mise en page se faisant dans un deuxième temps. C'est dire combien cet apprentissage est différent de cd que l'enfant connaît jusque-là.
En attendant la mise en place de l'ordinateur :
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accepter les difficultés, voire même l’impossibilité d’avoir une écriture de qualité et rapide.
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conserver le type d’écriture choisi par l’enfant (script, cursive, capitale), la taille des lettres
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tenir le crayon sans crisper les doigts, sans fatigue.
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rechercher le bon outil en attente de la mise en place de l’ordinateur : crayon triangulaire, guide doigt triangulaire, crayon à mine décalée (Yoropen),
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si crayons à papier, essayer une mine plus sèche (H) ordinaire(HB) ou plus grasse (2B) et
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parfois le stylo plume (plume solide, bout rond) qui glisse bien (à partir du CE1) ou stylo Paper Mate Replay effaçable
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si l’ordinateur n’est pas mis en place, utiliser des feuilles à une seule interligne de 1cm ou des formats écoliers agrandis (2,5mm ou 3mm, en surlignant de couleur claire la ligne de base
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limiter l’écriture manuelle, éviter totalement la copie
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s’il est impératif d’écrire, prévoir la place pour cet écrit qui doit rester succinct
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fournir des photocopies
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utiliser l’ordinateur (apprendre les techniques du clavier et du traitement de texte avec l’aide de l’ergothérapeute)
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aider à la mise en place de l’ordinateur
7.4 Mathématiques : utiliser des aides visuelles et spatiales
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compter sur ses doigts, surcompter (dissociation des doigts difficile)
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repérer la valeur de position des chiffres d’un nombre (centaine-dizaine-unité)
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tracer et utiliser les signes < >, tracer et utiliser les signes + x.
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éviter les tables d’additions, de multiplications présentées sous forme de tableau de Pythagore (tableau à double entrée). Préférer la calculette
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pour poser et calculer des opérations en colonnes, utiliser un guide (cheminées de couleur)
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jouer à avancer ou reculer sur une grande file numérique à l’aide d’un dé (utiliser des couleurs différentes pour chaque case) : « combien dois-je faire pour tomber sur le 10 si je suis sur le 6 ».
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proposer des couleurs pour chaque valeur des chiffres d’un nombre (exemple : unité = bleu – dizaine = vert – centaine = rouge). Conserver les mêmes codes couleur pour toutes les classes de primaire.
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utiliser des constellations pour visualiser les petites quantités (travailler les opérations avec des cartons flash)
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proposer des dispositions non spatiales : en lignes pour les additions, soustractions…
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proposer des grilles toutes prêtes ou des opérations déjà posées
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utiliser un logiciel pour poser les opérations comme POSOP (à télécharger sur http://association.idee.free.fr/)
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évoquer la mentalisation des quantités et les stratégies de calculs ; verbaliser « 9 c’est presque 10, c’est 10 moins 1 »
7.5 Géométrie-Mesure-Géographie
L’enfant dyspraxique est en grande difficulté pour :
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reproduire des figures géométriques, utiliser des instruments pour tracer des figures (règles, compas, gabarit) ou mesurer
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tracer des figures sur quadrillage, utiliser un tableau à double entrée
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réaliser des cartes, schémas….
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Il faut :
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privilégier une description orale à une construction papier
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rajouter des repères de couleur dans les tableaux de conversion
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utiliser des logiciels de géométrie
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utiliser le logiciel développé par l’INSHEA : la Trousse GéoTracé
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utiliser des règles où les chiffres des 5 et 10 sont bien apparents (en rouge par ex)
8. L’acquisition de l’autonomie et l’estime de soi
Rappel : l’autonomie n’est pas de faire les choses mais bien de savoir ce qu’il y faut faire et à qui s’adresser pour le faire.
Dans tous les cas, l’enfant dyspraxique souhaite acquérir son autonomie, plus encore que l’enfant ordinaire. Il est donc important de le suivre. Il fera seul dès qu’il sera en capacité de faire seul.
En attendant, il est essentiel de l’aider autant qu’il est possible de le faire, d’organiser autour de lui. Il faut lui faciliter la tâche et adapter, contourner avec lui, au moyen d’astuces toutes les difficultés rencontrées.
Il est également important, en classe, de le valoriser par des responsabilités à sa mesure et par des tâches qui serviront à la communauté (taper le poème sur l’ordinateur, par exemple, avant photocopie pour les élèves de la classe).
Toujours en décalage avec des enfants du même âge, il pourra, de mieux en mieux, contourner ses difficultés. Par contre, il faut absolument mesurer et reconnaître les efforts qu’il doit, sans cesse, opérer.
Il ne sert à rien de presser ou bousculer un enfant dyspraxique.
Il est utile, de temps en temps, de le rappeler à l’exercice par de petits questionnements : qu’es-tu en train de faire ? Que dois-tu faire ? Où en es-tu ?
Si l’enfant « ne revient pas », il faut alors respecter sa fatigue et ne pas insister.
Il faut prendre en considération sa fatigue, le temps disponible, l’urgence de la situation et la priorité sur les actes essentiels.
Il faut l’encourager et, par exemple, le matin, ne pas lui dire :
« fais de ton mieux » mais : « je sais que tu vas faire de ton mieux. »
La dysgraphie
Le dysgraphique collégien ou lycéen peut avoir une écriture lisible et même quelquefois une « jolie écriture » mais, il n’arrivera pas à accélérer son geste suffisamment pour écrire dans le rythme attendu.
La tenue du crayon et la formation des lettres peuvent être correcte mais le geste restera lent et laborieux.
Il s'agit d'une pathologie et la bonne volonté n'y changera rien.
Pour ces dysgraphiques, le geste d’écriture ne s’automatise pas. Il reste au stade du graphisme (stade où l’on dessine les lettres).
Le geste reste donc coûteux notamment sur le plan attentionnel.
Le dysgraphique met donc toute son attention sur le dessin des lettres ce qui ne lui permet plus de réfléchir sur d’autres choses comme l’orthographe, ce qui ne lui permet pas de manière plus générale d’effectuer une autre tâche (écouter, comprendre, mettre du sens…).
A force de n'être jamais où il faut quand il faut, comme ses camarades, il naît une perte de confiance en soi, un manque d’estime de soi et des comportements qui quelquefois peuvent devenir difficiles.
Pour écrire, il faut non seulement faire un geste mais également avoir des capacités d’organisation spatiales (direction des traits, taille des caractères, retour à la ligne).
Les enfants dyspraxiques sont toujours dysgraphiques.
L’écriture est une praxie visuo-constructive ; autrement dit, elle associe tracé (praxie, pression sur le stylo, posture, prise en compte de l’environnement) et repères spatiaux (mouvement de gauche à droite, rotation antihoraire,). L’écriture est donc le cœur de leur difficulté au niveau scolaire.
Cours illisible, cours incomplet, cours incomplet et illisible… Mal rangé, oublié, perdu, .... Dès le collège, il est nécessaire, indispensable de lui fournir tous les cours écrits en sortie de cours pour qu'il puisse, comme les autres, travailler le soir. Il ne peut faire confiance à sa prise de notes. C'est aux enseignants de fournir ces supports et pas à l'enfant dyspraxique, avec ses deux mains gauches, son manque d'organisation, d'aller pleurer les supports auprès des camarades. Cette situation s'arrangera dès que l'ordinateur sera efficient.
